samedi 31 octobre 2015

Vaisseau d'or


Ce fut un Vaisseau d'Or, dont les flancs diaphanes
Révélaient des trésors que les marins profanes,
Dégoût, Haine et Névrose, entre eux ont disputés.

Que reste-t-il de lui dans la tempête brève ?
Qu'est devenu mon cœur, navire déserté ?
Hélas! Il a sombré dans l'abîme du Rêve !


Émile Nelligan

jeudi 29 octobre 2015

Portail de l'éternité


Dans les profondeurs de vos espoirs et de vos désirs sommeille votre silencieuse connaissance de l'au-delà ; de même que la semence rêve sous la neige, votre cœur rêve du printemps. Ayez confiance en vos rêves, car en eux se cache le portail de l'éternité.

Khalil Gibran

mercredi 28 octobre 2015

Plénitude du manque


Vous attendez de l'amour qu’il vous comble. Mais l'amour ne comble rien, ni le trou que vous avez dans la tête, ni cet abîme que vous avez au cœur. L'amour est manque bien plus que plénitude. L'amour est plénitude du manque.
Christian Bobin

mardi 27 octobre 2015

Être artiste


Être artiste veut dire ne pas calculer, ne pas compter, mûrir tel un arbre qui ne presse pas sa sève, et qui, confiant, se dresse dans les tempêtes printanières sans craindre que l'été puisse ne pas venir.
Rainer Maria Rilke

lundi 26 octobre 2015

Rendez-vous

T'attendre
      ailleurs
   ici
      tu n'es plus
                       là
Nulle part
      nous irons
  partager
         ce rien
infini
       ta vie.

               Ta tendre
              
                              Cygne blanc

dimanche 25 octobre 2015

Cendre inachevée

Magicien de l'insécurité, le poète n'a que des satisfactions adoptives. Cendre toujours inachevée.
René Char

samedi 24 octobre 2015

Sens de la vie


La vie est le sens.

La vie n'a pas de sens, ni sens interdit, ni sens obligatoire.  Et si elle n'a pas de sens, c'est qu'elle va dans tous les sens et déborde de sens, inonde tout.  Elle fait mal aussi longtemps qu'on veut lui imposer un sens, la tordre dans une direction ou dans une autre.

Si elle n'a pas de sens, c'est qu'elle est le sens.


Christiane Singer, Où cours-tu? Ne sais-tu pas que le ciel est en toi

vendredi 23 octobre 2015

Cercle de la vie


Vous avez remarqué que toute chose faite par un indien est dans un cercle. Nos tipis étaient ronds comme des nids d'oiseaux et toujours disposés en cercle. Il en est ainsi parce que le pouvoir de l'Univers agit selon des cercles et que toute chose tend à être ronde. Dans l'ancien temps, lorsque nous étions un peuple fort et heureux, tout notre pouvoir venait du cercle sacré de la nation, et tant qu'il ne fut pas brisé.

Tout ce que fait le pouvoir de l'Univers se fait dans un cercle. Le ciel est rond et j'ai entendu dire que la terre est ronde comme une balle et que toutes les étoiles le sont aussi. Les oiseaux font leur nid en cercle parce qu'ils ont la même religion que nous. Le soleil s'élève et redescend dans un cercle, la lune fait de même, et tous deux sont rond.

Même les saisons forment un grand cercle dans leur changements et reviennent toujours là où elles étaient. La vie de l'homme est dans un cercle de l'enfance jusqu'à l'enfance, et ainsi en est-il pour chaque chose où l'énergie se meut.


Hehaka Sapa, ou Black Elk, indien Oglala

jeudi 22 octobre 2015

mercredi 21 octobre 2015

Honnêteté spirituelle


Je n'ai jamais été spirituel au sens où vous comprenez ce mot. Je ne suis jamais allé dans des temples ou dans des églises, lu des écritures, suivi certaines pratiques en vue de trouver la vérité, ni prié Dieu. Cela n'a pas du tout été mon chemin. Pour moi, la spiritualité a une connotation totalement différente. Elle requiert une individualité honnête. Elle ne permet aucune sorte de dépendance. Elle crée une liberté en soi, quel qu'en soit le prix. Elle ne se trouve jamais dans la masse, mais dans la solitude, car une masse n'a jamais découvert une quelconque vérité.
Osho

mardi 20 octobre 2015

Le signe de l'Ami


Tu es la lumière de mes yeux et le repos de mon âme.
Tu es celui qui trouble et aussi celui qui est troublé.
Tu demandes : Quel signe as-tu de l'Ami ?
Pour nous le signe de l'Ami est de ne pas avoir de signe de l'Ami.

Rûmi

lundi 19 octobre 2015

Le ministre

Je rencontrais un jeune homme
A l'air gourmé, crêté
Portant une chemise de nankin jaune
Un pantalon de serge bleu
Sur des bas chinés
Il me demanda à danser
Me donnant ainsi la préséance 
Parmi les dames invitées à cette soirée
Malgré un "je ne sais quoi" d'infatué
Il me plut
Il me dit être Ministre plénipotentiaire!

Cygne blanc

dimanche 18 octobre 2015

Paix et tranquillité

Silent pipe -
        peace and quiet
In my heart

Une pipe en silence -
       paix et tranquillité
Dans mon cœur.
Jack Kerouac

samedi 17 octobre 2015

Solve et coagula


Goutte qui se fait nuée,
Nuée qui se fait goutte,
Solve, coagula, solve, coagula...
Amour qui suit sa route...
Nulle trace sans doute sur la carte du monde
Hormis, peut-être, celle d’une ronde,
D’une note tenue l’instant d’une venue,
Passagère, menue,
Juste entre ciel et terre.

Amezeg

vendredi 16 octobre 2015

Quelques pas dans le silence


Quelques pas dans le silence et je suis perdu : je ne sais plus où je suis, comment je m'appelle. Qui suis-je ? est alors la question salutaire qui creuse ce vide jusqu'à déboucher dans l'espace ouvert. Encore quelques pas et voilà que je me tiens au bord de quelque chose d'inimaginable, que je pressens être merveilleux et profond comme le regard d'un enfant - oserai-je m'y abandonner ? J'ouvre enfin les yeux et voilà que tu es là, endormie à côté de moi, me précédant sur le chemin des rêves...

jeudi 15 octobre 2015

Vraie liberté


La vraie liberté et la disparition de la souffrance consistent à vivre comme si vous aviez choisi tout ce que vous ressentez ou vivez en ce moment. Cet alignement intérieur sur le Présent, c'est la disparition de la souffrance.
Eckhart Tolle, l'art du calme intérieur

mercredi 14 octobre 2015

Nuage

Être un petit nuage
me transformer au gré de ton souffle
te caresser entre ciel et terre
de mon duvet de cygne
te cacher des regards de feu
te baigner au ruisseau des étoiles
te vêtir de lune
te coiffer de soleil

T'ouvrir la fenêtre bleue
de mes rêves les plus audacieux

T'emmener au pays des métamorphoses
t'offrir des neiges éternelles
des océans de silence
des îles vierges
des arcs en ciel aux fléchettes de nacre

Être un simple petit nuage
ivre de ton souffle

Être ton petit nuage
sans l'ombre d'un doute.
Cygne Blanc

mardi 13 octobre 2015

Splendeur de la liberté



La vie en elle-même est une toile vide, 
Elle devient ce que vous peignez dessus.
Vous pouvez peindre la misère, vous pouvez peindre la joie.
Cette liberté est votre splendeur.

Osho Rajneesh

samedi 10 octobre 2015

L'Oeil du véritable Dharma


Les vagues meurent sur le rivage,
Le vent a fini de souffler
Une barque abandonnée
La lune à minuit
Brille de tout son éclat.
Maître Dôgen

Vous trouverez ici un commentaire fort intéressant de ce poème de Dôgen.

vendredi 9 octobre 2015

Telesphoros


Le temps est un enfant — jouant tel un enfant — comme sur un échiquier — le royaume de l'enfant. C'est Télesphore qui erre par les régions sombres de ce cosmos et qui luit comme une étoile s'élevant des profondeurs. Il indique la voie vers les portes du soleil et vers le pays des rêves.
Texte gravé dans la pierre par Carl Jung à Bollingen

jeudi 8 octobre 2015

Le Peintre de Venise


Celui qui voulait peindre
le visage de 
la femme 
de passage

Bella

Le soir
au coucher du soleil
Il a rendez vous
au bord de la lagune

Elle vient prier
le regard tourné
vers la Basilique

Punta della Dogana

Les bateaux emportent ses rêves

Chaque minute orangée
se dépose
à l'horizon

Un ciel de feu
embrase
l'Adriatique

Il trace
son visage

Impression d'Ailleurs

Insaisissable mouvance
des yeux verts
de la blanche chevelure
drapée
de rouge

Sa bouche
Interdite

Il esquisse

Bella Dona
figure de proue
sur la lagune

Le bateau porte son rêve

Le Salut
d'une Ile

             Venezia

                 Cygne blanc


mercredi 7 octobre 2015

Toi et moi


Heureux le moment ou nous serons assis dans le palais
Toi et moi,
Avec deux formes et deux visages, mais une seule âme
Toi et moi.
Les couleurs du bosquet et les voix des oiseaux
confèreront l'immortalité
Au moment ou nous entrerons dans le jardin
Toi et moi.
Les étoiles du ciel viendront nous regarder;
Nous leur montrerons la lune elle-même
Toi et moi.

Rûmi

mardi 6 octobre 2015

Nouveau ciel

Nous plongions nos mains dans le langage,
Elles y prirent des mots dont nous ne sûmes
Que faire, n’étant rien que nos désirs.
Cette eau, notre espérance.
D’autres sauront chercher à plus profond
Un nouveau ciel, une nouvelle terre.


Yves Bonnefoy

lundi 5 octobre 2015

Ensemble avec la lune

Kawase Hasui - Pleine lune à Hiroura

Ce qui est là, 
                      dehors
est au-delà
                   du sens
                               et du non-sens.

Qui interroge encore la valeur d'une vie ?

Il n'est rien de plus 
                             précieux
   que ce moment 
                            passé ensemble
      en silence 
                      dans la clarté de la lune,
   avec 
          la caresse du vent froid
                                                pour aiguiser 
   notre présence 
                           à la fugacité de l'instant.

dimanche 4 octobre 2015

Imprégner de tendresse

"…Tout ce qui nous est présenté dans la vie… toutes ces voies royales de découvrir la raison de ma présence au monde…et si j'ai le malheur de croire que je dois dépasser quelque chose de cette existence pour arriver à quelque chose de plus important et de plus essentiel, je passerais ma vie dans un déchirement insupportable et j'y succomberais une fois ou l'autre, parce que la vie, la matière me rattrapera, me rejoindra impitoyablement où que j'aille pour m'enfuir et me ramènera au lieu où je suis parti, impitoyablement. Il n'y a pas de fuite, il n'y a qu'une possibilité dans une existence humaine, c'est la traversée de la matière, la traversée par toutes les antennes de nos sens…parce que la vie met en scène des drames de toutes sortes pour nous ramener…vous croyez que cette vie, ce monde est à fuir? Il est à imprégner de tendresse ce monde, il est à imprégner d'esprit…"...


Texte intégral par Christiane Singer, en mémoire aimante pour toujours.

samedi 3 octobre 2015

L'évadé


Il a dévalé la colline
Ses pas faisaient rouler les pierres
Là-haut entre les quatre murs
La sirène chantait sans joie.


Il respirait l’odeur des arbres
Avec son corps comme une forge
La lumière l’accompagnait
Et lui faisait danser son ombre.


Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il sautait à travers les herbes
Il a cueilli deux feuilles jaunes
Gorgées de sève et de soleil.


Les canons d’acier bleu crachaient
De courtes flammes de feu sec
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il est arrivé près de l’eau.


Il y a plongé son visage
Il riait de joie il a bu
Pourvu qu’ils me laissent le temps
Il s’est relevé pour sauter.


Pourvu qu’ils me laissent le temps
Une abeille de cuivre chaud
L’a foudroyé sur l’autre rive
Le sang et l’eau se sont mêlés.


Il avait eu le temps de voir
Le temps de boire à ce ruisseau
Le temps de porter à sa bouche
Deux feuilles gorgées de soleil.


Le temps d’atteindre l’autre rive
Le temps de rire aux assassins
Le temps de courir vers la femme.


Il avait eu le temps de vivre.
Boris Vian

jeudi 1 octobre 2015

Savoir où on va

Nasreddin Hodja s'en allait à dos d'âne sur le chemin qui menait au village voisin. Mais il était assis à l'envers sur la croupe de sa monture, si bien qu'il regardait, dans le désespoir le plus profond, le chemin qu'il avait parcouru s'éloigner devant lui pendant que l'animal le ballotait doucement sur la route. Un disciple le reconnu, vint alors en courant vers lui et dit :
"Ah ! Maître, dit-il. Mais que se passe-t-il ? Êtes-vous bien ? Êtes-vous mal ? Pourquoi aller vous ainsi ?"
Et le maître de répondre :
"Ah ! Cher ami, c'est une tragédie. Vois. Moi je sais où je veux aller, mais cet âne ne le sait pas et me conduit dans la mauvaise direction. Quel malheur ! Pauvre de moi."
À ces paroles, le disciple était des plus confus et pensait en lui-même que le maître devait être bien bête pour ne pas se retourner sur sa monture. Mais Nasreddin ajouta une plainte à ce moment :
"Ah ! Et si je me retournais, pauvre de moi, et regardais dans la même direction que lui, je serais définitivement perdu. Mon cher ami, là je ne saurais même plus où je vais ?!"